Aménagement sur 3 niveaux de la Samaritaine coté Rivoli.
Matériaux principaux >
cabines et stocks :
extérieur en staff, fermacell et plaques de plâtre, structure en pin massif de réemploi
mobiliers (portants, socles, podiums…) :
aluminium vibré, béton, contreplaqué de pin et EPDM recyclé blanc et jaune,
plafond en aluminium
sol en béton
Surface totale : 3000 m²
Commanditaire : DFS
Conception : ciguë
© photo : Jared Chulski, Maris Mezulis
À l’invitation de LVMH, ciguë déploie sa vision de la nouvelle Samaritaine qui ouvre enfin ses portes après une longue fermeture. Sur ses 3 étages coté Rivoli, ciguë poursuit une fragmentation des archétypes parisiens déjà bien amorcée par le puissant rideau de verre ondulé de Sanaa.
Un moulage de colonne Morris encastrée à l’entrée annonce le programme ; trois sculptures antiques postées sur une rotonde aux vertus circulatoires évoquent Le Louvre voisin tandis que des chaises longues rappellent Les Tuileries ou Le Palais-Royal, n’était-ce le décalage de leur couleur blanche. Un pan de façade haussmannienne incliné en simili pierre de taille situe la Samaritaine dans un Paris fantasmé dont l’étage supérieur prolonge la déconstruction. Ici ce sont des fragments d’appartements en staff qui font office de cabines d’essayage.Les parois sectionnées dévoilent des charpentes, leurs boiseries recyclées contrastant avec les rivets, crochets et poignées en acier ultra-radicaux dessinés par ciguë. Des guéridons et chaises en bois estropiés se consolent en s’adossant à des blocs dont les formes géométriques, la matérialité contemporaine et la colorimétrie beige et jaune tranchent avec ces vestiges du passé.
Pourtant, derrière ce crash organisé transparait une organisation millimétrée qui permet de reconfigurer à loisir les espaces décloisonnés des marques, les invitant à les habiter sans perturber la perception ni l’orientation générales des 3 étages confiés à ciguë. Les portants, étagères et tables sont mobiles ; tout l’aménagement intérieur semble flotter dans un Paris fluide, invitant les clients à flâner, faire une pause à l’un des Foodtruck et cafés. Comme un écho inversé des mouvements à l’œuvre sur les plateaux, une grille métallique uniformise les plafonds, sa couleur grise diffractant la lumière dans la profondeur du bâtiment.
C’est ainsi que ciguë interprète l’esprit de la Samaritaine : Flagship d’un Paris qui se recycle à l’infini, mirage contemporain trouvant dans des fragments mis à nu une vérité qui fait sens, réactivant les Homo Faber que nous sommes, toujours en évolution.